Sortie découverte Bellefontaine
Sortie découverte « A la source de Bellefontaine »
Nous parlerons aussi des phénomènes énergétiques, de la baguette de sourcier aux apparitions mariales, des perceptions extra-sensorielles et de tout ce que vous n’avez jamais osé demander à vos parents, amis ou même à votre ange gardien !
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Pour aller plus loin dans l'historique de l'abbaye, je reprends ici un article du frère Roussier, extrait du site http://id.erudit.org/iderudit/11053ac
PAR LE FRÈRE ROUSSIER
MOINE À L'ABBAYE DE BELLEFONTAINE
Abbaye cistercienne Notre-Dame de Bellefontaine en Begrolles-en-Mauges (France) Source : Collection Gilles Boileau |
Perdue dans les bois, loin de toute habita
tion, sur une pente, Bellefontaine ne s'aperçoit pas de la route Cholet- Beaupréau pourtant toute proche. L'entrée du monastère est au midi: une allée de haies vives vient buter contre un portail de granit surmonté d'une statuette de la vierge. Sur le coteau ruisselant de soleil s'étale l'abbaye silencieuse. À gauche, une prairie, un étang bordé de peupliers effilés, une ferme rouge dans la verdure des sapins et des vergnes. À droite, le monastère empour pré de vigne vierge, |
de la clôture, au levant, un autre clocher, modeste et grêle, surgit des châtaigneraies: c'est la chapelle de Bon-Secours, centre de pèlerinage séculaire qui est à l'origine du monastère de Bellefontaine.
Elle jaillit, intarissable et fraîche, au chevet de la chapelle rustique élevée il y a un millénaire en l'honneur de Marie et rebâtie voici plus de cent cinquante ans. Son abondance, son emplacement idéal dans la solitude et les bois, près d'un sanctuaire vénéré à dix lieues à la ronde, fixèrent le choix d'un seigneur voisin lorsque, pour le salut de son âme, il décida de fonder un moûtier. Il convenait de l'appeler Bellefontaine.
Les origines de l'abbaye sont mal connues. L'insistance avec laquelle, au XVIe siècle, Charles de Bourbon, marquis de Beaupréau, réclama le titre de fondateur, et l'accord donné en 1557 par Dom Goupilleau, abbé de Bellefontaine, permettent de penser que le monastère fut bâti et doté par un seigneur de Beaupréau.
À quelle date? À la fin du XIe siècle, si l'on en juge par la liste des abbés et l'examen des pierres vénérables enchâssées ça et là dans la construction moderne. Les premiers moines furent des bénédictins.
Avec le granit rose de Saint-Macaire qui a la chaleur et le grain du porphyre, ils construisirent un monastère solide comme une forteresse. L'élégance ouvragée, chère aux moines noirs, fut réservée au cloître, claire-voie de légères arcades soutenues par des colonnes géminées, et surtout à l'église, opulent vaisseau de quarante-et-un mètres, charpenté de lignes claires, paré aux bons endroits de ces sculptures nobles et simples, seules permises au granit.
Il ne reste rien de ces splendeurs. Seuls un portique et quelques contreforts enchâssés dans des constructions plus récentes, et surtout une statue de la Vierge, majestueuse et fine, vénérée depuis la fin du XIIIe siècle sous le vocable de Notre-Dame de Bellefontaine, en évoquent encore le souvenir. Alliance chère aux Cisterciens, le socle de cette statue renferme aujourd'hui une relique insigne: une crosse de saint Bernard.
L'histoire de ces siècles lointains est laconique. Quelques faits: 15 mars 1305, visite de Bernard de Goth, futur Clément V; 1414, Théobald, abbé de Bellefontaine, assiste au Concile de Constance; 1565, sépulture, devant le grand autel de l'église, de Charles de Bourbon, prince de la Roche-sur-Yon.
Bien que l'âge d'or fut passé, toute ferveur n'était pas éteinte au monastère vers 1550. L'histoire a retenu le nom du moine Jean Taillandeau, natif de Melay, grand restaurateur de calvaires et de statues dans la région des Mauges, peintre à ses heures, apôtre infatigable de la Très Sainte Vierge.
Le calvinisme et la commende eurent raison de cette ferveur. 1562, premier siège de l'abbaye, commandé par Jean de Goulaine: les huguenots échouent dans leur tentative et doivent battre en retraite au bout de trois jours. D'autre part, à la mort de Charles de Bourbon, l'abbaye passe en commende: les abbés ne sont plus des chefs spirituels, la discipline tombe, l'hérésie s'infiltre au monastère. Un petit nombre de moines fidèles doit se retirer.
Vers 1595, à leur tour, les ligueurs assiègent l'abbaye. Ils ne ramènent pas pour autant la ferveur. Au début du XVIIe siècle, il n'y a plus dans l'abbaye délabrée qu'une poignée de moines, abandonnés à eux-mêmes, manquant de tout, et sans grand élan.
À l'époque où la Réforme catholique du Concile de Trente entra enfin en application, Bellefontaine fut sauvée par l'abbé commendataire Michel Sublet (1637-1643). Homme énergique et avisé, il comprit que seule l'introduction d'éléments nouveaux dans son abbaye pouvait la régénérer.
L'abbé jeta les yeux sur une congrégation issue de l'Ordre de Cîteaux, celle des Feuillants fondée une soixantaine d'années plus tôt par Jean de la Barrière. Depuis la mort du réformateur, plus de quarante maisons déjà propageaient, en France et en Italie, l'esprit de la nouvelle institution: régularité, pauvreté extrême, silence absolu, repas pris à genoux, coucher sur la planche, humiliations continuelles, jeûnes rigoureux, apostolat par la prédication.
C'est le 7 décembre 1642 que Dom Sublet remit son monastère entre les mains des feuillants. Établis à Bellefontine, ces religieux, à robe courte et blanche, ceinturés de cuir, sans capuce, pieds nus dans les sandales, devaient, jusqu'à la Révolution, prendre sur la région un extraordinaire ascendant.
La ferveur et l'austérité des feuillants fécondaient leur prédication, tandis qu'ils remettaient en honneur les pieuses associations établies naguère à Bellefontaine. Sous cette bienfaisante influence, les paroisses des environs se groupèrent bientôt autour du monastère en une vaste famille spirituelle.
De temps immémorial, le pain eucharistique pour les Pâques était fabriqué à Bellefontaine et distribué aux dix-huit paroisses qui faisaient partie de l'association. Les communiants pouvaient dire avec l'Apôtre: «Nous ne sommes qu'un pain et ne formons qu'un corps, nous qui participons au même pain». Puis le jour de la Saint-Marc, dans une procession qui ébranlait tout le pays, ceux qui avaient communié venaient visiter l'église de Bellefontaine et laissaient un denier par famille pour marque de leur union.
Par ailleurs, la confrérie de Notre-Dame-de-Bellefontaine groupait les dévots fidèles de Marie. Le 15 août, ils venaient par milliers, de trente lieues à la ronde, à la chapelle de la Fontaine.
Cependant, le soir, dans la chapelle extérieure de Notre-Dame, on s'assemble, on prie ardemment. Cathelineau, futur généralissime de l'armée catholique et royale, assite plusieurs fois à ces réunions. L'autorité en prend ombrage, fait apporter la statue de la Vierge à Cholet et démolir la chapelle.
En août 1793, tout change: les Vendéens prennent Cholet, ramènent la statue et restaurent hâtivement la chapelle. Mais après la défaite du 16 octobre, ils fuient vers la Loire, emportant leur Vierge qu'ils perdent au passage du fleuve.
Vidé de ses meubles, en partie incendié par les Colonnes Infernales au début de 1794, le monastère est inhabitable. Sous l'Empire, pour en vendre les matériaux, le propriétaire abat
les cloîtres, la façade, la toiture et la moitié des voûtes de l'église. Bellefontaine n'est plus!
Les débris du monastère furent successivement rachetés en 1816 et 1817 par Dom Urbain Guillet, un de ces vaillants trappistes qui sillonnèrent l'Europe et l'Amérique, sous la conduite de Dom Augustin de Lestrange, pendant vingt-deux ans. Le fondateur mourut, épuisé, en mars 1817.
Peu à peu, sous l'impulsion d'un supérieur de grand talent, Dom Michel Le Port, la restauration se poursuivit lentement et dans une grande pauvreté. Dom Michel fut d'abord élu prieur claustral, Dom Augustin de Lestrange étant alors supérieur jusqu'à sa mort en 1827. À la mort de ce dernier, Dom Michel devint le premier abbé; mais il mourut prématurément à l'âge de 38 ans en 1830.
Dom Fulgence Guillaume lui succéda à l'époque critique de la révolution de Juillet. Démissionnaire une première fois en 1845, pour s'adonner entièrement à ses fonctions de Procureur général à Rome, il fut remplacé pendant quatre ans par Dom Augustin de la Forest Divonne, qui se démit de sa charge en 1849 et se retira à Fontgombault (Indre), qu'il avait fondé. Dom Fulgence reprit le bâton pastoral en 1850 pour démissionner une seconde fois en 1866, vu son état de santé. Homme de paix en même temps que fort éclairé, il guida avec sagesse et prudence une communauté qui compta alors jusqu'à 120 moines.
L'abbaye reçut sa physionomie actuelle de l'infatigable Dom Jean-Marie Chouteau, qui fut abbé pendant soixante-trois ans et qui, à partir de 1875, sans préjudice de deux fondations au Canada, Notre-Dame du Lac et Notre-Dame des Prairies, rebâtit le monastère presque en entier: constructions dépouillées, sans accent, mais solides et pratiques. La persécution de 1880 fut une chaude alerte, marquée pour Bellefontaine par l'expulsion brutale et l'occupation par la troupe pendant cinq semaines. C'est d'ailleurs cette persécution de 1880 qui a provoqué la fondation de Notre-Dame du Lac, à Oka.
Depuis lors, c'est la paix dans le vallon, paix spirituelle enrichie par l'abbatiat du pieux Dom Jean-Baptiste Auger, par le zèle de Dom Gabriel Sortais qui sut former des âmes vigoureuses et régir avec habileté le temporel de l'abbaye. Dom Gabriel, élu abbé de Cîteaux et Père Général de l'Ordre en 1951, a été rappelé à Dieu en 1963.
Dom Emmanuel Coutant, septième abbé cistercien, élu en 1952, devait poursuivre l'oeuvre de ses prédécesseurs au milieu d'une communauté qui comptait, en 1981, une soixantaine de moines.
En 1972, répondant à l'appel des évêques du Bénin, Bellefontaine envoya cinq frères pour la fondation de Notre-Dame-de-Kokoubou.
Il y déjà quelques années maintenant que Dom Étienne a succédé à Dom Emmanuel comme abbé de Notre-Dame de Bellefontaine.